Tony Joe White / Bad Mouthin par Juan Marquez Léon

Tony Joe White /  Bad Mouthin / Genre : Blues des marais / Label : Yep roc Records / Distribution : Bertus France / Sortie mondiale le 28/09/18

Ce n’est pas exagéré de dire que cet homme de 75 balais représente à lui tout seul le Swamp Rock. On citera également ses copains fangeux, Slim Harpo, Lightning Slim, Lazy Lester, bref tout le bazar classieux d’Excello Records, puis Professor Longhair, Jimmy Reed (Little Rain), et bien sûr, Creedence Clearwater Revival, le Gun Club aussi. JJ Cale également pour cette flemme ou flegme si caractéristique des marais. Puis par chez nous, Johnny (‘Polk Salad Annie’ en duo avec ‘L’Homme’ quelque part à Nashville en 1984) et Joe Dassin tant qu’on y est! (‘Le Marché Aux Puces’). Pour cet album, le ‘lent boueux’ nous enchante avec un enregistrement live en studio ; ici, no synthé, no cuivres. ‘No noise !’ est le maître-mot. On entend que la voix d’un type serein mais genre ‘faites pas chier’, une guitare au son minimum et une santiag pour battre la mesure sur le parquet….. Pourtant, écoutez ‘Awful Dreams’ (Lightnin’ Hopkins) et vous comprendrez pourquoi ce type aurait du rencontrer le Suicide de Vega et Rev ; strict matos perché au dessus du vide existentiel : le Blues quoi. Souvent, l’harmonica souffle dans cet atmosphère caniculaire. Une batterie monotone apparaît ici et là, mais partout cette ambiance à ras du sol, à ras de tout. Un chant à faire trembler la terre aussi. Quand un artiste revient sur son passé par un jeu de clins d’œil, ce n’est jamais bon signe ; odeur de chêne. Ici le clin d’œil prend la forme de 2 chansons, enregistrées entre 1964 et 1966 sous le nom de Tony Joe And The Mojos pour le label texan, J.Beck Records. Il s’agit du titre éponyme et de ‘Sundown Blues’. Tony Joe s’est toujours considéré comme un musicien de Blues. Il nous le démontre avec 6 reprises de John Lee Hooker (un ‘Boom Boom’ hypnotique), Jimmy Reed, Lightning Hopkins, Big Joe Williams et Charlie Patton. Visite est aussi rendue au ‘Heartbreak Hotel’ du King, qui comme vous le savez, était un grand fan de ce ‘Roc des Bayous’. Pour le reste, il replonge dans son répertoire en y apportant ce style hanté, crépusculaire. Retour aux sources, je vous l’écris sans médisances, ‘Bad Mouthin ». — Juan Marquez Léon  ( Article paru dans Blues Again )

Juan Marquez Léon

Juan Marquez Léon est le chroniqueur de disques sur Zeitgeist. Et pas n’importe lequel !!! Après des décennies et des études à Séville, Grenade, Paris, Londres, New York, Tokyo et Berlin, Juan a posé son vélo à Saint-Nazaire pour bosser dans un « CAC 40 » et parcourt tous les jours 12km avec une vieille bécane à pédales, traversant Méan et Penhoët pour rejoindre son « headquarter » bien (ou peu) chauffé en Brière. Juan parle 32 langues couramment et la langue qu’il maîtrise le mieux est celle de la musique. Ici vous trouverez l’écriture de Juan, une personne passionnée et attachante. Bref, un gentil bonhomme qui a toujours son chapeau vissé sur la tête afin de lutter contre le vent et le crachin celtique de notre région.