Dave Specter / Blues…From The Inside Out / par Juan Marquez Léon

Dave Specter / Blues…From The Inside Out / Genre : Blues / Label : Delmark Records

Imaginez le blues comme de multiples couleurs issues de la décomposition de la lumière du soleil à travers un diamant : ainsi Dave Specter, définit-il son nouveau projet. Ce musicien né en 1963 à Chicago est d’abord un guitariste qui a contribué à plus de 40 albums, soit comme accompagnateur lead, rythmique ou producteur. On le retrouve par exemple derrière Son Seals, Hubert Sumlin, Buddy Guy, ou Otis Rush. Et chez Delmark, il est l’auteur depuis 1991 de 13 albums sous son nom ou en duo pour être finalement introduit l’an dernier au Chicago Blues Hall Of Fame. Le gars ne chôme pas. Et puis un jour, à force de chanter avec les poteaux, on lui a mis la pression : ‘Hé man!!! C’est quand que tu le fais ton album en tant que chanteur?’ C’est chose faite. Timidement certes, puisqu’il ne chante que sur 3 titres. ‘How Low Can One Man Go?’, avec Jorma Kaukonen (Jefferson Airplane/Hot Tuna), un boogie façon John Lee Hooker et une diatribe envers leur Donald de Président. ‘Asking For A Friend’ et le titre éponyme où l’on devine sa principale influence, T. Bone Walker.

Sur 4 titres la relève est assurée par son clavier et collaborateur de longue date, Brother John Kattke. ‘Pontchatoula Ways’ et ‘Opposites Attract’, parfaitement louisianais, et où les doigts, en chaloupé, du Professor Longhair hantent rythmiquement encore les touches du piano. Un titre, gospel blues, qui cause de tolérance et d’unité, ‘March Through The Darkness’, et ‘The Blues Ain’t Nothin’, un jump blues où l’on retrouve l’ex Jefferson Airplane et la section de cuivres, la Liquid Soul Horns. Et puis une chanteuse, Sarah Marie Young, interprète avec émotion cet étrange ‘Wave’s Gonna Come’, une balade acoustique et psychédélique, on y entend le ressac de l’océan. La guitare de Specter est tout bonnement magnifique. Un des grands titres de cet album.

Pour apporter du lien entre tous ces titres chantés, quelques instrumentaux ou guitare et claviers dialoguent, au gombo Meters pour ‘Santifunkious’, épicé Santana pour ‘Minor Shout’, aérien Peter Green sur ‘String Chillin » et mod pour ‘Soul Drop’. A noter la belle pochette ; peinture abstraite qui résume bien en fait cette musique : une ode polychrome à la guitare électrique. – Juan MARQUEZ LÉON

Pour Bluesagain Janvier 2020


Juan Marquez LéonJuan Marquez Léon est le chroniqueur de disques sur Zeitgeist. Et pas n’importe lequel !!! Après des décennies et des études à Séville, Grenade, Paris, Londres, New York, Tokyo et Berlin, Juan a posé son vélo à Saint-Nazaire pour bosser dans un « CAC 40 » et parcourt tous les jours 12km avec une vieille bécane à pédales, traversant Méan et Penhoët pour rejoindre son « headquarter » bien (ou peu) chauffé en Brière. Juan parle 32 langues couramment et la langue qu’il maîtrise le mieux est celle de la musique. Ici vous trouverez l’écriture de Juan, une personne passionnée et attachante. Bref, un gentil bonhomme qui a toujours son chapeau vissé sur la tête afin de lutter contre le vent et le crachin celtique de notre région.