Vie littéraire du Prix Grain de Sel 2018

Vie littéraire du Prix Grain de Sel 2018

Quand

13/12/2017    
19:30 - 21:00

Bibliothèque Municipale Anita Conti
Place du Marché, La Turballe, 44420

Type d’évènement

Chargement de la carte…

Rencontre avec Timothée Demeillers pour son roman « Jusqu’à la bête » publié par Aspohalte. Causerie littéraire animée par Eric Pessan. Timothée Demeillers a vingt-neuf ans. Il est passionné par l’Europe centrale et orientale. Après avoir longtemps vécu à Prague, il partage son temps entre le journalisme et la rédaction de guides touristiques. Prague, faubourgs est est son premier roman.

Jusqu’à la bête, de Timothée Demeillers ou le déplaisir de la chair

Ce second roman coup de poing, qui nous plonge au cœur d’un abattoir d’Angers, est tout en gris, en rouge et en noir.

L’âpre débat entre pro et antiviande n’est pas près d’être tranché, mais le roman de Timothée Demeillers, qui claque comme une feuille de boucher sur un billot, verse du sang poisseux dans sa rigole. Son premier roman, Prague faubourgs est, nous avait menés dans les sombres recoins de la capitale tchèque. Jusqu’à la bête nous entraîne là où nul n’a envie de plonger l’œil, dans le huis clos suffocant d’un abattoir. Erwan vit la tête baissée, de peur de s’habituer à voir le ciel. Dans le morne abattoir où il travaille dans la périphérie d’Angers, il travaille aux frigos de ressuage. Il a la trentaine et attend déjà la retraite. Dans le froid, il mène les carcasses, sur des rails, vers la découpe. Rien ne nous est épargné. La tripe, la viande, le musc, le gras blanc des jeunes bêtes, jaune des carnes qui finiront en brochettes. Les claquements des animaux morts qui se rangent sur la chaîne, les cadences infernales. Le récit est comme la machine: saccadé, nerveux mais terriblement ronronnant.

Demeillers nous donne à voir l’ennui, la routine, le train-train de la chaîne. L’humiliation, le mépris de classe, les blagues de cul, les joints fumés à la dérobée et le désespoir. La tension monte. On aimerait qu’Erwan relâche la pression, comme Rocky Balboa, cogne enfin des quartiers de viande au milieu d’une chambre froide. Les vexations s’accumulent, l’horizon s’assombrit. Seul rayon de soleil dans la grisaille angevine, le sourire de Laetitia, éphémère saisonnière à l’abattoir. Tout ça va évidemment très mal finir, le lecteur le sait. — Silvère Boucher-Lambert

Timothée Demeillers, Jusqu’à la bête, Asphalte, 2017, 16 euros

Promouvoir la petite édition et défendre la chaîne du Livre. Donner envie de lire des textes moins connus d’auteurs moins souvent mis en lumière.