Automatic City / Triple Ripple par Juan Marquez Léon

Automatic City’Triple Ripple’ / Label : Wita Records / Distribution : L’ Autre Distribution / Genre : Exotica Blues

L’ovni blues du mois, oeuvre sonique unique! Quatre garçons dans le futur du blues premier… Lyon, la capitale des Gaules, qui à travers un pacte ‘voodoo’, doit être jumelée depuis des temps anciens avec le Delta du Mississippi !

Alors qu’ Éric Duperray, Emmanuel Mercier, Raphael Vallade et Zaza Desiderio se partagent les instruments de base du blues électrique, il faut rajouter sitars, flûte, mélodica, bellzouki, theremin, marimba, stylophone, bongos, pandero, berimbau, udu! Palette instrumentale à laquelle se rajoute aussi divers effets sonores extra-terrestres nous ramenant aux séries TV américaines de l’après guerre. Autour de 3 instrumentaux, ‘First Ripple’, ‘Second Ripple’ et ‘Triple Ripple’, qui constituent la charpente de cet édifice, ondulent compositions originales dans une veine ‘exotica orientaliste’ signées Mercier et Duperray. ‘King Money King’ nous rappelle le regretté Rachid Taha tandis que ‘Gas O Line’ pourrait être le thème d’une série TV composé par John Barry.

De nombreuses reprises également, toutes réincarnées dans l’esprit du collectif Automatic City. ‘Shrinking Up Fast’ un mambo de Camille Howard, chanteuse R n’ B des 40’s et 50’s.’ Deux reprises de RL Burnside, ‘Going Down South’ et ‘See My Jumper Hanging On The Line’, ou un trajet avec Skip James himself à bord d’une voiture volante au dessus d’une mégalopole du 27 ème siècle. Joe Hill Louis est présent avec son ‘Tiger Man’ où, gémissements de félin et cris de Tarzan nous propulsent dans la jungle épaisse, avec dans les dernières secondes, un clin d’œil aux Cramps. Le ‘Good Morning Little Schoolgirl’ de Sonny Boy Williamson I, le croirez vous? C’est Curtis Mayfield qui s’y colle en hoquetant façon le King of Rockabilly, Charlie Feathers. Autre King, l’interprétation du ‘Animal Instinct’ qu’Elvis chantait dans une nullité de 1965, ‘Harum Scarum’ (‘ C’est La Fête Au Harem’) et où, d’un coup du revers de la main il aligne un guépard… C’est leur 3eme album, leur meilleur.

Le blues hanté d’Automatic City ravive la flamme mystérieuse des origines de cette musique, sans cesse en renouvellement. Ce n’est pas très courant, il faut bien le signaler. — Juan Marquez Léon

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Juan Marquez LéonJuan Marquez Léon est le chroniqueur de disques sur Zeitgeist. Et pas n’importe lequel !!! Après des décennies et des études à Séville, Grenade, Paris, Londres, New York, Tokyo et Berlin, Juan a posé son vélo à Saint-Nazaire pour bosser dans un « CAC 40 » et parcourt tous les jours 12km avec une vieille bécane à pédales, traversant Méan et Penhoët pour rejoindre son « headquarter » bien (ou peu) chauffé en Brière. Juan parle 32 langues couramment et la langue qu’il maîtrise le mieux est celle de la musique. Ici vous trouverez l’écriture de Juan, une personne passionnée et attachante. Bref, un gentil bonhomme qui a toujours son chapeau vissé sur la tête afin de lutter contre le vent et le crachin celtique de notre région.