Karen Dalton / It’s So Hard To Tell Who’s Going To Love You The Best / par Juan Marquez Léon

Karen Dalton / It’s So Hard To Tell Who’s Going To Love You The Best
Folk blues jazz
1969

Au Café Wha? en plein Greenwich Village début des 60’s c’était la star. Tout le monde venait écouter cette Irlandaise Cherokee. Y compris ses amis Tim Hardin et Bob Dylan. D’ailleurs ce dernier ne l’oubliera pas et la citera plus de 50 ans après lors de son discours de remise de son Prix Nobel 2017. Oubliez les Fitzgerald, Vaughan, Simone, ou autres Dusty, Janis, Dionne ou Aretha, la Dalton les surpassant toutes. Je n’en connais que deux qui sont au même niveau. Billie Hollyday et….Amy Winehouse. Surnommée la Hillibilly Hollyday parce que son répertoire vient du blues ou de la country primitive des Appalaches, elle chante sa tristesse, son spleen comme une trompette de jazz bouchée. Alors que son avenir est tout tracé vers un succès certain, elle quitte tout avec sa fille (à 16 ans la garde de son 1er lui est retirée) pour vivre dans une caravane et élever des chevaux dans le Colorado. Incompréhension totale (The Band et Dylan ‘Katie’s Been gone’ 1967) , elle décidera dorénavant de vivre recluse. Fred Neil la retrouve et en 1969 lui propose cet enregistrement. Aucune composition, que des reprises : Jelly Roll Morton, Eddy Floyd, Leroy Carr, Tim Hardin, Leadbelly et ….Fred Neil. Sobre, dévasté, cet album est une beauté funeste, un diamant noir, quelque chose d’incomparable dans la musique populaire. Seulement pressé à quelques milliers d’exemplaires, le disque est un bide commercial. Retour chez sa mère en Oklahoma. Elle survit. Petits boulots. Concerts dans des bars. Amérique profonde. Un second album en 1971 ‘In My Own Time’ au son plus moderne avec le titre préféré de Nick Cave ‘Katie Cruel’. Second bide. Désabusée, s’en est fini pour elle de cette carrière de musicienne professionnelle. Elle disparaîtra en 1993 à l’âge de 55 ans. Selon les versions, SDF dans les rues de New York, ou d’un SIDA non traité, ou dans un appartement confortable devant sa TV…. l’histoire et la vérité restent à écrire. Sa fille est toujours en vie. —  (c)  Juan Marquez Léon

Juan Marquez Léon

Juan Marquez Léon est le chroniqueur de disques sur Zeitgeist. Et pas n’importe lequel !!! Après des décennies et des études à Séville, Grenade, Paris, Londres, New York, Tokyo et Berlin, Juan a posé son vélo à Saint-Nazaire pour bosser dans un « CAC 40 » et parcourt tous les jours 12km avec une vieille bécane à pédales, traversant Méan et Penhoët pour rejoindre son « headquarter » bien (ou peu) chauffé en Brière. Juan parle 32 langues couramment et la langue qu’il maîtrise le mieux est celle de la musique. Ici vous trouverez l’écriture de Juan, une personne passionnée et attachante. Bref, un gentil bonhomme qui a toujours son chapeau vissé sur la tête afin de lutter contre le vent et le crachin celtique de notre région.